Direction d'Appui à la Pédagogie

Journées d’études AIPU de mars 2023

Les premières journées d’études AIPU (association internationale de pédagogie universitaire) de l’année 2023 ont eu lieu les 30 et 31 mars derniers, à l’Université de Perpignan Via Domitia. Elles avaient pour thématique l’hybridation des enseignements à l’université : au-delà de l’impact sur l’apprentissage des étudiants, un levier de développement professionnel pour les enseignants ?

Les journées d’études AIPU ont démarré avec l’intervention en tant que conférencière invitée de Bernadette Charlier, Professeur émérite en sciences de l'éducation à l'Université de Fribourg (Suisse) et Professeure invitée à l'Université de Louvain en Belgique (UCLouvain).
 

Extrait de la présentation de l’événement sur le site scienceconf

Depuis le projet Hy-Sup en 2014 et les premières modélisations théoriques des dispositifs hybrides, nous avons assisté à une croissance exponentielle des initiatives de déploiement de ce type de modalité d’enseignement dans les universités, bien sûr accéléré par les phases de confinement de la période de pandémie de la Covid 19. En France, le “Plan de relance pour l'enseignement supérieur, la recherche et l'innovation” lancé par le gouvernement en 2020, inclut un axe “repenser la pédagogie avec le numérique” dans lequel l’hybridation est clairement identifiée. Ceci a pu conduire les établissements d’enseignement supérieur à promouvoir et mettre en œuvre cette modalité, à la hâte, ce qui pourrait générer des effets négatifs sur l’apprentissage des étudiants si l’on n’y est pas vigilant. Pourtant, si les recherches existantes montrent bien le réel intérêt de ces dispositifs du point de vue de l’apprentissage des étudiants, on peut estimer aussi un intérêt pour les enseignants, du point de vue du développement professionnel. Le partage d’expériences et la recherche sont donc plus que jamais nécessaires dans ce contexte de fort déploiement de ces dispositifs.


Les objectifs de ces deux journées :

  • une meilleure manière d’accompagner les enseignant·es ne s’étant pas encore lancé·es, 
  • une sensibilisation aux outils au service de la pédagogie,
  • convaincre de la démarche,
  • lever les doutes sur le rapport à l’hybridation (pour certain·es synonyme d’engouement et pour d’autres de controverse),
  • Flexibiliser et faciliter les pratiques avec l’équipe pédagogique,
  • la création d’un réseau pour des projets d’avenir communs 

La première journée était dédiée à des échanges et partages d’expériences sur les thématiques suivantes : 

  • Les moyens d’impact de la pratique d’enseignement via l’hybridation,
  • les effets de l’hybridation sur la pratique d'enseignement,
  • les effets de l’hybridation sur l’apprentissage,
  • les représentations de l’hybridation chez les enseignant·es,
  • la place du numérique et de la digitalisation pour la formation et la mise en place de l’hybridation.

Lors de cette première journée, deux types de communications ont été présentés avec des communications scientifiques comprenant des résultats avancés ainsi que des COVAL : communications de valorisation scientifique plus larges permettant de réfléchir, échanger et débattre sur une thématique donnée.

Retrouvez ici le résumé de l’ensemble des communications présentées lors de la première journée pédagogique. 

Le deuxième jour, les groupes ont été constitués afin d’approfondir les sujets vus la veille et de mettre en place des actions possibles sur diverses thématiques. Voici quelques éléments et actions ressortis de ces ateliers :
 

→ Effets de l’hybridation sur la pratique d’enseignement 

Au cours de cet atelier intitulé “Effets de l’hybridation sur la pratique d’enseignement”, nous nous sommes répartis par sous-groupes, suite à la réalisation d’un brainstorming permettant de proposer des idées de sous-thématiques de travail. Ainsi, nous avons pu aborder les thèmes suivants : portfolio, collaboration, réflexivité / posture, et accompagnement. L’ensemble des groupes était constitué d’enseignants-chercheurs, d’ingénieurs pédagogiques ainsi que de doctorants. Voici une présentation des travaux réalisés au sein de ces différents sous-groupes : 
 

1/ Portfolio : Comment impliquer les enseignants et les étudiants dans la démarche portfolio ? Cette réflexion s’est notamment portée autour de la question du temps afin de réfléchir à la manière de monter un projet de portfolio sans que cela ne soit trop chronophage. L’idée étant de mettre en place différentes actions, telles que des jeux pour comprendre la démarche, de partager des outils ergonomiques et intuitifs, de sanctuariser des heures, ou encore de mettre en place un tutorat pluridisciplinaire. Ce, afin de satisfaire et de rendre fière le public cible. 

2/ Collaboration : À travers cette réflexion, nous avions pour objectifs de favoriser les relations, la co-construction, l’échange de pratiques ou encore l’essaimage. L’ensemble de la démarche se ferait de manière hybride pour mettre les personnes directement en action. L’idée étant de réfléchir autour d’un projet initial et de le faire évoluer par retour d’expérience. Ainsi, l’idée du projet s’articule comme ceci : une personne arrive avec un cas et le présente de manière asynchrone au reste du groupe (à travers, par exemple, une courte vidéo). Les autres membres du groupe s’en emparent, puis échangent en incluant les étudiants. Ici, l’accompagnement se ferait en format hybride. Le dispositif est ensuite mis en test et une nouvelle vidéo est créée. 

3 / Réflexivité et posture : Quels types de changements de pratique s’opèrent sous l’effet d’un passage à l’hybridation ? La réflexivité serait-elle une façon, un moyen de caractériser ces changements ? Et de les stimuler ? L’objectif de ce travail est de favoriser les interactions entre enseignants et étudiants, mais également entre étudiants, en articulant la théorie avec des situations concrètes. Il s’agit également ici de mettre en place un cadre permettant l’essaimage, de stimuler la réflexivité et de renforcer la collaboration entre équipes. L’idée était de concevoir une cartographie inter-établissement mettant en avant les déclencheurs, les effets sur la pratique, l’accompagnement, ainsi que les typologies d’hybridation. 

4/ Accompagnement : Dans ce groupe, les participants ont réfléchi à la conception d'une formation sur l’hybridation permettant d’hybrider un cours existant. Celle-ci se structure en deux temps. La première partie, à visée pédagogique, est une formation théorique sur les fondamentaux de l’hybridation. La deuxième partie, quant à elle, prend la forme d’un accompagnement en situation, sur un cours spécifique. Ce, afin de mettre en œuvre les fondamentaux du processus abordés au cours du premier temps.
 

→ Effets de l’hybridation sur l’apprentissage 

Cet atelier pratique portait sur les effets de l’hybridation sur l’apprentissage. Avec les participants, constitués d’enseignants-chercheurs et ingénieurs pédagogiques des différents établissements, nous avons travaillé en sous-groupes sur trois sous-thématiques pour lesquelles nous avons identifié des projets permettant de démontrer les effets de l’hybridation sur l’apprentissage. Des actions à mettre en place ont ainsi pu être définies : 
 

Le premier sous-groupe a travaillé sur le projet de mise en œuvre des formations hybrides, avec des enseignants-chercheurs volontaires ; en tenant compte des effets à court, moyen et long terme avec la mise en place d'une cellule dépendante directement de la Présidence, et d’un comité de sélection de projets. A la fin du projet, un essaimage à partir de projets pilotes est prévu. 

Le deuxième sous-groupe a travaillé sur la mesure de l'impact d'une formation hybride sur l'apprentissage de l'espagnol en expression orale tout en définissant la notion d'impact (effet), et un plan d'expérience adéquat avec un pré et post test auprès des étudiants. Ce test permettrait de constater le changement entre l’enseignement en présentiel et l’enseignement hybride ainsi que le transfert de l’apprentissage et l’efficacité de l’enseignement hybride chez les étudiants. 
Le troisième sous-groupe a travaillé sur l’évaluation des impacts avec une étude qualitative/quantitative de la réussite académique et de l'engagement étudiant. Dans ce projet d’évaluation, l’idée de faire le lien avec la recherche en éducation, notamment en incluant les lieux d'éducation associés, a été mise en avant. S’ajoute à cela, l’idée d’associer les chargés d'accompagnement pédagogique, les auxiliaires d’enseignement, les assistants pédagogiques ou encore les tuteurs présents dans l’animation des classes et l’accompagnement des étudiants. Ce, afin de garantir l’efficacité de l’enseignement hybride.


Le discours de clôture de Bernadette Charlier et Geneviève Lameul (enseignante-chercheuse en sciences de l’éducation à l’université Rennes 2 et Co-directrice du laboratoire Centre de Recherche sur l'éducation, les apprentissages et la Didactique (CREAD)), invite à poursuivre l'échange sur le sujet et à tester de nouvelles méthodes de recherche et d'évaluation. Les intervenantes ont également souligné l'importance de l'accompagnement des étudiant·es et la réflexion sur leur place dans ces dispositifs.

L’hybridation suscite des appréhensions, parfois dues à la méconnaissance des pratiques qui en découlent puisqu’on parle aujourd’hui de 6 types d’hybridation : plus d’informations ici. On distingue un outil d’auto-positionnement développé par le service CARENN (CARtographie des Enseignements Numériques) qui permet de se situer sur le type de dispositif hybride qui se rapproche le plus de l’objectif pédagogique de l’enseignant·e.
Par ailleurs, la place de l’étudiant·e est fondamentale : on cherche à définir l’environnement dont il·elle a besoin pour apprendre, développer son pouvoir d’agir (sa proactivité, son investissement dans son parcours de formation) avec une intégration de cette idée dès la conception de la formation.

Les prochaines journées d'études AIPU permettront de poursuivre ces dernières réflexions puisqu’elles porteront sur les représentations et implicites des différents acteurs de l'enseignement supérieur sur l'expérience d'apprentissage en première année post-bac. Elles se tiendront les jeudi 9 et vendredi 10 novembre 2023 à l'université Paris-Saclay.

Plus d’informations sur le site scienceconf

Asli Ghebantani et Maëlle Jaffredou, ingénieures pédagogiques au SUP Rennes 2

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